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Microplastiques : une convergence de principe

 

La publications aux Pays-Bas de recommandations de la Plastic Soup Foundation concernant l’utilisation de microplastiques dans les cosmétiques (1) met nettement en évidence un faisceau de convergence entre les attentes de l’industries et des ONG. Néanmoins, si les objectifs concordent et d’une certaine façon également la manière de les atteindre, il est clair que certaines conclusions hâtives de l’organisation ne sont pas partagées.

La nécessité de fonder toute la stratégie plastique sur une approche scientifique robuste et de démontrer, sans à priori, le réel danger des microplastiques est une évidence que partage l’industrie ainsi que l’absolue exigence d’établir une définition claire et pertinente.  Avant tout, il est nécessaire de savoir très exactement de quoi l’on parle, surtout si l’objectif est de l’éviter dans les formulations. Dans ce contexte, la définition développée par l’Echa sur base de la globalité des données scientifiques disponibles est la plus pertinente (2).  Il s’agit également de prendre des décisions proportionnelles à la problématique.  L’apport des cosmétiques en termes de « microplastiques » reste ridicule par rapport à l’ampleur des sources connues et identifiées.  S’il est urgent d’agir à la source, il ne faut certainement pas se tromper d’origine et y mettre tous ses efforts.  Certes, il faut agir fermement au niveau des cosmétiques mais la puce que représente cette industrie ne doit pas cacher la montagne qui pèse très lourdement sur le problème de la soupe plastique.

La Belgique agit concrètement dès 2017

En Belgique, les autorités et les secteurs de DETIC ont signé un accord sectoriel visant à substituer les microplastiques dans les produits de consommation (3).  Grâce à cet accord, signé en 2017, l’industrie cosmétiques belge a totalement éliminé de ses produits à rincer toutes les microbilles de plastique, dès 2020.  L’accord établit également une plateforme d’échange scientifique et de négociation qui veille à ce que seules les données scientifiquement objectivées soient prises en compte pour base à des actions concrètes.  Il vise, en sus, à encourager les entreprises à remplacer les microplastiques par des solutions alternatives.  Voilà qui devrait rassurer la Plastic Soup Foundation, l’industrie et les autorités belges n’ont pas attendu ses bons conseils pour agir.

Des recommandations de base situées au cœur de la stratégie de l’industrie

La Plastic Soup Foundation recommande à l’industrie d’être innovante et de formuler des cosmétiques avec des ingrédients surs, basés sur une chimie durable et d’éliminer le « greenwashing ».  On ne peut que partager ces attentes, du reste très basiques, et rappeler que les cosmétiques sont mis sur le marché en étant encadrés par une réglementation stricte qui assure leur parfaite innocuité (4).  L’industrie encadre également les allégations des cosmétiques, y compris les allégations environnementales, via un code de déontologie publicitaire depuis 1978.  La dernière révision date de 2020 !  (5).  Il est à noter également qu’en Belgique, il existe des guides quant à l’élaboration des allégations environnementales publiées par l’Inspection économique (6), il va de soi que l’industrie s’y conforme.

D’autre part, l'industrie cosmétique soutient fermement un traité juridiquement contraignant visant à réduire la pollution plastique.  De meilleurs systèmes de gestion et de recyclage des déchets sont essentiels, tout comme l'engagement en faveur de l'innovation, de l'éco-conception et, dans la mesure du possible, de la réduction de la production et de l'utilisation de nouveaux plastiques (7). L’innovation reste un moteur d’évolution fort dans l’industrie cosmétique qui se concrétise au sein de DETIC par la participation au Global Cosmetic Cluster (8) qui améliore le partage des connaissances et promeut l’utilisation de la biomasse.

Un grand bémol ou une triste fin ?

Après des recommandations louables, même si elles sont bien tardives, la Plastic Soup Foundation ne peut malheureusement s’empêcher de sombrer dans la pratique tristement courante d’interpréter indument la liste INCI des ingrédients en lançant une nouvelle appli qui dépiste les microplastiques.  Triste fin pour un recueil de recommandations plutôt pertinentes.  Il est largement temps que les autorités mettent fin à ces pratiques trompeuses pour le consommateurs.  Non, on ne peut pas vraiment identifier les microplastiques à partir de la liste des ingrédients.  Cette dernière ne dit rien ni sur la forme des substances, ni leur état ou leur pureté et ne permet pas de tirer de quelconques conclusions de nature toxicologiques.  Lisez dans ce contexte l’opinion de DETIC « Vers une intelligente transparence » (9).

 

(1) https://www.beatthemicrobead.org/wp-content/uploads/2022/04/Plastic-The-Hidden-Beauty-Ingredient.pdf 
(2) https://echa.europa.eu/fr/hot-topics/microplastics  
(3) https://www.detic.be/fr/detic-signe-accord-sectoriel-microplastiques 
(4) https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=LEGISSUM%3Aco0013 
(5) https://www.detic.be/fr/code-guidelines 
(6) https://economie.fgov.be/fr/themes/entreprises/guidance 
(7) https://www.detic.be/fr/cosmetiques-industrie-position-plastique 
(8) https://cosmeticsclusters.com/
(9) https://detic.be/fr/vers-une-intelligente-transparence